Porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (UNHCR), Céline Schmitt a accepté de répondre à nos questions. Dans cette interview, elle évoque notamment les leviers internationaux pour améliorer l’accueil et l’intégration des personnes réfugiées.
Céline Schmitt – Les initiatives créées et dirigées par des personnes réfugiées m’inspirent beaucoup. Elles sont créatives, innovantes, concrètes. Elles sont menées par des personnes qui ont dû prendre la décision douloureuse de quitter leur pays à cause de la guerre, de violences ou de persécution. Elles comprennent ce que cela signifie de devoir reconstruire sa vie, en exil dans un nouveau pays.
Récemment, lors d’une rencontre, un réfugié m’a partagé : « Nous sommes tous les experts de notre propre vécu ». C’est exactement cela qu’il faut retenir.
Je suis particulièrement inspirée par des initiatives menées par des femmes réfugiées. Elles s’accrochent à des valeurs fortes d’entraide. Elles font preuve d’une grande résilience et sont des piliers pour leurs familles et leur communauté.
La participation des réfugiés et la collaboration avec les réfugiés sont au cœur de notre travail au HCR. Nous avons mené une étude sur l’engagement bénévole des réfugiés en 2019 et 2020 et nous menons différentes actions pour soutenir la participation des réfugiés aux décisions qui ont un impact sur leur vie.
Cette année, le HCR a lancé un fonds d’innovation pour les projets dirigés par des réfugiés au niveau global et la France est un des pays pilotes pour sa mise en place. Nous avons lancé le premier appel à projets en juin et avons reçu de nombreuses candidatures de très bonne qualité.
Céline Schmitt – Avoir un impact positif dans la société c’est améliorer le bien-être global, permettre aux gens de vivre en paix et de construire ensemble un avenir meilleur pour toutes et tous. Les réfugiés contribuent à cet impact positif. On l’a vu lors de la pandémie de Covid-19. De nombreux réfugiés se sont mobilisés dans leurs pays d’accueil, à travers le monde.
Les réfugiés ont été eux aussi en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, avec des compétences clefs dans le domaine médical ou autres. Les actes de solidarité se sont multipliés.
De la Colombie au Bangladesh, en passant par le Kenya, l’Ukraine et la France, les réfugiés, dont de nombreuses femmes se sont mobilisés sans relâche pour prévenir la propagation du virus, coudre des masques, partager des informations fiables, créer et encadrer des groupes d’entraide, maintenir le lien social, aider les plus vulnérables, sensibiliser sur les violences. d
Céline Schmitt – En 2018, l’Assemblée Générale des Nations-Unies a adopté un Pacte mondial sur les réfugiés. Il traduit la volonté des Etats de renforcer la coopération et la solidarité avec les réfugiés et les pays d’accueil des réfugiés. Ce Pacte a été adopté après deux années de consultations menées par le HCR auprès des Etats membres, des organisations internationales, des réfugiés, de la société civile, du secteur privé, c’est-à-dire de tous les acteurs concernés.
Le Pacte fournit un plan global pour permettre une plus grande coopération internationale dans le cadre de l’accueil des réfugiés afin de leur fournir davantage d’autonomie. Il présente quatre objectifs :
Le Pacte prévoit un forum mondial sur les réfugiés tous les quatre ans. Lors du premier forum mondial sur les réfugiés en décembre 2019, plus de 3000 participants se sont réunis à Genève dont des chefs d’Etat, des organisations internationales, des entreprises et fondations, des organisations de la société civile et des réfugiés.
À l’occasion du second Forum mondial sur les réfugiés, la France a accepté d’être le co-parrain aux côtés d’autres Etats. Il s’agit là d’une belle opportunité de mobilisation de l’ensemble des acteurs français pour la recherche de solutions pour les réfugiés.